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Grillages

Modèles 3D, intelligence artificielle générative et vidéos.

Dans l’univers, des grillages délimitent les frontières éphémères entre le bien et le mal.

Dans l’univers, l’existence humaine se déroule comme un cycle perpétuel de frustration et de colère. Les barbelés sont là pour protéger les gens d’eux-mêmes.

Alors que Paris se prépare pour les Jeux olympiques, les barrières, obstacles et trottoirs inaccessibles pullulent. Les grillages contrastent avec l’esprit de l’événement et contraignent les mouvements.

Ces barrières improvisées, érigées à la hâte autour des ponts, des chantiers de construction, des sites emblématiques et des entrées des musées, transforment les habitants et touristes en animaux captifs.

L’atmosphère rappelle celle des cours d’école, avec leur penchant pour l’ordre.

Mais, bon, on ne va pas laisser les gens tomber dans des fosses, ou se blesser sur des chantiers de construction.

On ne va pas les laisser voler du matériel, ou squatter des immeubles en pleine rénovation. 

Dans les forêts, on ne clôture pas les arbres pour éviter que des randonneurs se prennent les pieds dans leurs racines. Mais, il a trop de bandits et de victimes potentielles dans les grandes villes. Il n’y a pas tant de gens en forêt qu’à Paris.

Omises des rendus 3D du nouvel Adidas Arena, de la cérémonie d’ouverture sur la Seine et des cartes postales de la tour Eiffel, les grillages rappellent le gouffre entre les beaux discours sur les exploits humains et la peur du chaos et du terrorisme.

Théoriquement temporaires, les barrières ne sont pas seulement des structures physiques ; elles sont à la fois en nous et autour de nous, contraignant l’esprit et perpétuant un état de confinement collectif.

Elles sont toujours attachées à une promesse : un espace urbain plus vert, plus joli, plus sécurisé, à une célébration, un avenir plus radieux. Les occasions se succèdent, et les grillages persistent comme symbole d’un perpétuel devenir qui n’en finit pas de nous contraindre au présent.

Le désordre est toléré s’il est contenu.

Peut-être serait-il envisageable de dresser moins de barrières si les gens n’étaient pas aussi irresponsables. Mais, comme l’a démontré l’échec des permis de végétaliser les pieds d’arbres – la plupart des volontaires abandonnant leur terrain après seulement quelques mois – les parisiens ne sont décidément bons à rien.

Il serait possible de se projeter dans un futur avec moins de barrières, mais il faudrait coordonner les travaux, faire dialoguer les acteurs publics et privés, et responsables politiques.

À quoi bon, puisque la foule préfère se conformer aux interdits.


Chapitre de la série Universe (anglais)