Dans la mythologie grecque, telle que nous la décrit Hésiode dans sa Théogonie, Chaos est une béance primordiale. C’est, selon Ovide une masse informe et grossière, bloc inerte et sans vie, assemblage confus d’éléments discordants et mal unis entre eux. Avec la Terre et l’Amour, il précède l’origine du monde et celles des dieux. Il concevra l’Érèbe et la Nuit. Chaos est donc une source vitale à partir de laquelle un monde construit, hiérarchisé, structuré s’élabore.
À l’opposé, dans le deuxième principe de la thermodynamique, Sadi Carnot établit que toute modification, toute transformation d’un système, quelles qu’elles soient, ne peuvent que faire croître son entropie, mesure du désordre dudit système. Le monde est donc inexorablement voué à un retour au chaos…
Chaos structurant et générateur ou terme ultime de toute évolution, telles sont les thèmes abordés par cette nouvelle exposition.
Les démarches et approches de nos six exposants sont, comme toujours, très contrastées : réhabilitation et recyclage du désordre, chez Henri Wagner, constat d’une nature dévastée par les catastrophes naturelles ou industrielles, chez Claire Brusadelli, tentative d’organiser le chaos numérique, chez Christophe Bruchansky, mise en abyme de ce chaos, chez François Martinache, apocalypse joyeuse, chez Didier Gianella, truculence jubilatoire de la confusion, chez Josselin Metivier…
À travers ses comptes rendus de voyages, matérialisés par des installations et des images projetées en boucle, Christophe Bruchansky, nous expose sa philosophie de l’existence et propose au spectateur de la partager. Pour ce faire, il nous présente des expériences introspectives dans lesquelles la succession obsessionnellement répétitive d’images sert de support à une quête existentielle. Il alterne des phases de mouvements quasiment imperceptibles avec d’autres plus frénétiques. L’esprit du spectateur est ainsi invité à divaguer et à se perdre dans une réalité hyper-médiatisée, simultanément familière et fausse, fébrile et insipide. Il en résulte un sentiment d’instabilité, d’incertitude, de collision entre plusieurs temporalités qui déstabilise le spectateur. Métaphysicien à ses heures, Christophe Bruchansky défend le rôle de la conscience humaine pour ordonner le chaos de la nature : « L’existence est en perpétuel mouvement, elle est un souffle, composé de progressions et de ruptures. Ce souffle ne serait cependant que pure agitation si l’être conscient ne lui attribuait pas une certaine continuité esthétique, c’est-à-dire s’il ne se concevait pas lui-même, ainsi que la réalité qui l’entoure, de façon suffisamment stable et cohérente pour autoriser l’émergence de sa conscience. La réalité est, en tant que telle, pur chaos ; elle n’inclut aucune forme ni aucun ordre, seul l’être conscient lui prête de telles propriétés. Il le fait pour la beauté du geste, et y met d’autant plus de bonne volonté que son existence lui apparaîtrait, sinon, infondée. »
Louis Doucet, commissaire d’expositions, critique d’art, traducteur, collectionneur, d’art contemporain et promoteur de jeunes créateurs et artistes de notre temps.
Du 12 Novembre au 17 Décembre, Espace d’Art Chaillioux à Fresnes (RER B à partir du centre de Paris, entrée gratuite).
Salle de projection
Chaos (Février 2022)
Mouvements de foule (June 2018)
Emballages plastiques et virtuels (January 2022)
Salle d’exposition
Circulation (May 2019)
Constructions (February 2022)
Mise au Pas (May 2019)